On connaissait les défaites encourageantes sous l’ère Guy Novès, on découvre ce samedi la défaite admirable. Pour le premier match de sa tournée d’été en Nouvelle-Zélande, le XV de France a perdu de peu à Dunedin contre les All Blacks (31-27). Une première défaite depuis 7 ans face à la mythique nation de l’hémisphère sud, certes, mais quel match nous ont sorti ces Bleus pour la plupart inexpérimentés voire novices au niveau international !
Beria, Duguid, Fischer, Tixeront, Segonds, Spring, van Tonder… retenez bien ces noms ! On promettait l’enfer à ces joueurs et à cette équipe de France expérimentale en l’absence de Ramos, Penaud, Marchand… et les autres têtes d’affiche toulousaines et bordelaises finalistes du Top 14 et laissées au repos au pays. On se demandait bien comment les quelques rares « grognards », Fickou, Slimani ou encore Villière, épaulés par quelques troupes légèrement aguerries aux honneurs de la sélection (Le Garrec, Attissogbe, Guillard), allaient pouvoir résister à la marée noire ?
Les Neo-Zélandais eux-mêmes avaient invoqué un certain manque de respect de la part du rugby français d’amener chez eux une équipe de « sans-grade ». À l’arrivée, les Blacks, frustrés d’avoir eu deux essais refusés durant la partie (57e, 63e) et tenaillés par la peur d’une indigente claque, ont prudemment repoussé les Bleus à 4 longueurs sur une pénalité à 5 minutes de la fin avant de serrer les dents dans les derniers instants. Personne n’avait envisagé un tel scenario au pays du long nuage blanc avant le match et, disons-le, pas grand-monde non plus au pays du camembert et de la baguette.
« On nous avait appelé l’équipe bis »
Ce qu’il a manqué à ces Bleus pour arracher un monumental exploit, le premier en terre maori depuis 2009 ? Peut-être, à l’image de l’UBB en finale du Top 14, cette capacité à ne pas remettre en confiance l’adversaire juste après avoir scoré. Will Jordan (20e) a marqué juste après le premier essai français signé Mickaël Guillard (17e). Le même Jordan a encore répondu très vite (47e) a un essai rapide de Gabin Villière en seconde période (43e). Dommage !
« On nous avait promis l’enfer, on nous avait appelé l’équipe bis… et cela ne se joue qu’à 4 points. C’est frustrant mais c’est bon signe pour la suite. » a déclaré à chaud au micro de Canal+ le vétéran Rabah Slimani (35 ans), qui retrouvait l’équipe de France après 6 ans d’absence. Un orgueil qui n’a pas toujours suffi à éviter les corrections pour les Bleus en Nouvelle-Zélande ces 20 dernières années mais qui a été, semble-t-il, un levier efficace. Ils devaient tomber avec pertes et fracas, ils sont tombés avec les honneurs après avoir fait sacrément plaisir à tous les amoureux de l’équipe de France.
