Touche, ballon porté, coup d’envoi : les All Blacks et les Springboks ont sorti à la boîte à idées ce week-end

Les tests-match Nouvelle-Zélande - France et Afrique du Sud ont été le théâtre d'innovations tactiques marquantes impulsées par les deux géants du Sud. Décryptage de ces séquences qui pourraient faire des émules.
Les Springboks ont étrillé l'Italie à Pretoria (45-0), match où ils ont également pu tester des stratégies innovantes. Crédit : Icon Sport.

À l’image du pauvre Nolann Le Garrec, les supporters du XV de France présents devant leur écran de télévision samedi matin pour se délecter du deuxième test-match de la tournée d’été des Bleus en Nouvelle-Zélande (43-17) n’ont vu que du feu à la 14e minute de jeu. Alors que tout s’était jusque-là bien passé pour eux, les hommes de Fabien Galthié se sont fait transpercer sans vraiment comprendre ce qu’il venait de leur arriver.

Au départ, une touche au niveau de leur ligne des 22 mètres. Rien d’alarmant en somme mais les All Blacks y ont mis un ingrédient de magie qui a rendu la séquence spéciale et fait beaucoup causer en aval. Après la prise de balle en l’air du sauteur Patrick Tuipulotu, les hommes en noir se sont logiquement organisés pour un maul porté en faisant mine de se recentrer pour envoyer le jeu au large. Le numéro 8 Christian Lio-Willie est alors sorti du regroupement, le corps orienté vers son demi de mêlée, pour éjecter la balle. Sauf qu’il n’avait rien dans les mains.

Au même moment, la gonfle tenue cachée par le capitaine Ardie Savea est envoyée au numéro 9 neo-zélandais Cam Roigard, qui a pu foncer jusqu’à l’en-but tricolore sans rencontrer d’obstacle. Le caractère simultané de la feinte de Lio-Willie et de la sortie de balle petit côté n’a pas permis aux Bleus d’invoquer la règle 16.11 des lois du jeu qui dispose que les joueurs ne peuvent pas « agir de manière à faire croire à leurs adversaires que le maul est terminé alors que ce n’est pas le cas ». C’était tout simplement ingénieux et très bien joué.

L’Afrique du Sud d’Erasmus réinvente le lift dans le jeu courant

À plus de 12 000 kilomètres de là, un autre géant de l’hémisphère sud a montré qu’il n’était pas en reste en termes d’ingéniosité. Dès le début de son match face à l’Italie, l’Afrique du Sud a donné le ton avec une option stratégique qui mélangeait à la fois confiance et filouterie. L’ouvreur Springbok Manie Libbok a volontairement tapé un coup d’envoi ultra court de moins de 10 mètres, directement dans les bras d’un coéquipier. Le but : amener l’arbitre à arrêter le jeu et proposer deux options à l’adversaire : soit refaire le coup d’envoi, soit obtenir une mêlée au centre du terrain.

Un deuxième choix qui a évidemment été privilégié par les Italiens en accord avec l’esprit du jeu, comme l’espéraient les Sud-Africains qui se sentaient beaucoup plus fort dans cet exercice. Pour un succès mitigé, l’Italie ayant récupéré ensuite un bras cassé sur la mêlée. L’arbitre aurait aussi pu sanctionner le réceptionneur d’une pénalité pour hors-jeu, voire infliger la même sanction à Manie Libbok en accord avec la règle 9.7.a qui dispose qu’un joueur ne doit « pas enfreindre volontairement une règle du jeu ».

Les Springboks se sentaient globalement beaucoup plus fort devant, ce qui les a amenés à mettre en place une tactique incroyable et cette fois bien plus en accord avec le règlement. Lorsqu’ils étaient en possession du ballon dans le camp italien, les Springboks ont en effet expérimenté de lifter un joueur au cœur d’une cellule de trois, comme cela se fait sur les touches mais cette fois dans le jeu courant, en sortie de ruck. Une manœuvre destinée à enclencher un ballon porté et faire parler la supériorité du pack sud-africain. Avec succès puisque deux des essais des Springboks sont venus de cette façon.

Une stratégie révolutionnaire que le penseur du jeu des champions du monde Rassie Erasmus assure avoir récupéré après avoir assisté à un match de jeunes au pays : « Ce n’est pas moi qui l’ai inventé, je l’ai vu faire par une équipe scolaire de moins de 14 ans et c’est très intéressant parce que vous récupérez dans le jeu tous les avantages de ce que vous pouvez faire en touche. Mais c’est sûr que désormais toutes les équipes sont au courant et vont faire attention à cela« . Il est en effet fort possible que des équipes disposant d’un gros pack s’inspirent de ce mouvement et qu’on le retrouve à la rentrée sur les terrains de France, de Navarre et d’ailleurs.

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