Les vieux briscards de la côte basque le savent bien, le beau temps n’est pas éternel et précède bien souvent la tempête. En juin dernier, l’Aviron bayonnais bouclait une saison 2024-2025 exceptionnelle marquée par une qualification historique en phase finale et une présence épatante dans le dernier carré.
Et pourtant, malgré cette réussite sportive insolente, les vents contraires s’étaient déjà levés en coulisse. En cause, le recrutement de Laurent Travers, débauché de son bureau de président délégué du Racing 92 pour occuper le poste de directeur du rugby, ce dernier ayant expliqué son choix par son envie de ranger au placars le costume-cravate pour se rapprocher du terrain.
De quoi nourrir quelques craintes pour le manager général en place Grégory Patat, qui voyait soudain son champ d’actions menacé. Au point que le Gersois, en fin de contrat en 2026, ait repoussé cet été une offre de prolongation de son président Philippe Tayeb.
Deux défaites à Jean-Dauger en amical
Voilà pour le contexte, forcément pesant pour un groupe qui constate au quotidien la distance entre ses deux têtes pensantes amenées à se marcher sur les pattes. Et comme souvent en pareil cas, l’atmosphère tendue de la coulisse rejaillit sur le sportif. Le 21 août dernier, l’Aviron jouait son premier match amical de l’inter-saison dans son antre réputée imprenable de Jean-Dauger et l’a perdu… contre le Biarritz Olympique (19-21), le proche voisin honni qui a longtemps lutté pour sa survie en Pro D2 la saison passée.
Un affront, resté en travers de la gorge du capitaine Arthur Iturria : “Je suis très déçu, très frustré et j’ai limite un peu honte, avait-il déclaré à chaud après le derby basque. Avec tout le respect que j’ai pour Biarritz, ils se sont peut-être très bien préparés mais nous, on a les ambitions d’une équipe du haut de classement Top 14, on était confrontés à la dixième équipe de Pro D2 et on a été incapables de faire mieux que ça (…). Il faudra mieux faire car là on se dit que le début de saison peut être compliqué”.
Les craintes du deuxième ligne se sont en partie confirmées la semaine suivante, pour le deuxième et dernier test de pré-saison du mois d’août, toujours à Jean-Dauger. Certes, l’adversaire, le Stade toulousain, était d’un autre calibre que le BO. Mais le champion de France était loin de présenter sa meilleure équipe, notamment dans les lignes arrières où le champion olympique Nelson Épée faisait figure de vétéran au coup d’envoi, du haut de ses 24 ans. Et même si Bayonne a pu montrer de belles choses par moments, il a tout de même perdu ce match (24-28) qu’il espérait gagner pour se redonner un peu de confiance avant la reprise du Top 14.
Bayonne perd Tatafu et Chouzenoux pour la reprise du Top 14
Pire, il a perdu deux joueurs importants de son effectif : le pilier droit Tevita Tatafu, touché à la cheville dans le premier quart d’heure et dont le début de saison est très largement compromis, ainsi que la tour de contrôle Baptiste Chouzenoux, sorti un peu plus tard dans la partie suite à une nouvelle commotion.
Bref, l’heure n’est pas vraiment à la joie et à la bonne humeur du côté de la sous-préfecture des Pyrénées-Atlantiques, à une semaine du déplacement à Perpignan pour le compte de la première journée de Top 14. Interrogé sur sa situation personnelle après la défaite contre Toulouse, le manager Grégory Patat a préféré en dire le moins possible, de peur certainement d’en dire un peu trop et d’envenimer une situation déjà pas mal tendue.
“Je reste professionnel (…). Il y a eu beaucoup d’épisodes. Je pense que le groupe est habitué. Aujourd’hui, il faut se concentrer sur notre performance. Les à-côtés, on n’en parle pas”. C’est pourtant bien ce qui pourrait pourrir une saison déjà polluée avant même d’avoir démarré.
