Les tricolores défient ce samedi les redoutables Red Roses en demi-finale du Mondial. Un immense défi pour le XV de France.
Chaque année, la même question revient sans cesse. L’équipe de France de rugby féminin peut-elle enfin réaliser l’impossible face aux Anglaises ? Voilà la question qui hante les esprits à l’approche de cette demi-finale de Coupe du monde. Un rendez-vous qui sent la poudre. Et surtout, qui ne sourit jamais aux Françaises, à chaque fois si près et si loin face aux Red Roses.
Lors du dernier Tournoi des six nations, les Bleues ont longtemps pris la marée. Mais en fin de match, les tricolores ont failli réaliser un exploit sensationnel, ne s’inclinant que d’un point (43-42). A quelques mois d’une Coupe du monde, les joueuses du duo Mignot-Ortiz faisaient naître un vent d’espoirs. Juste avant la Coupe du monde pourtant, lors du seul match de préparation au Mondial à Mont-de-Marsan, Marine Ménager et ses coéquipières se faisaient marcher dessus par ces mêmes Anglaises (6-40). L’inquiétude commençait à monter.
Pas de pression
Comme attendu, les deux équipes se retrouvent dans le dernier carré pour une place en finale. Sans surprise. Un match bien différent, avec un objectif et une atmosphère différents. Mais avec, toujours, ce déséquilibre entre une sélection professionnelle, structurée et armée pour l’emporter à domicile et une autre, parfois brouillonne, toujours au rendez-vous mais dont il manque toujours un petit quelque chose. Les chiffres donnent d’ailleurs le tournis : l’Angleterre est invaincue depuis 31 matches et une défaite en finale de la Coupe du monde 2022 face à la Nouvelle-Zélande. Imbattable.
« On ne peut pas savoir ce que va donner un match avant de l’avoir joué« , amorce l’ancienne internationale française Lenaïg Corson, aujourd’hui consultante pour RMC Sport, interrogée par Ruck Zone. L’ancienne deuxième-ligne sait pourtant à quel point le défi est relevé. « C’est dur aussi d’avoir de l’espoir en sachant que votre adversaire détruit tout sur son passage et est hyper déterminée à être championne du monde. On est quand même une équipe en construction et nous sommes surtout irrégulières dans nos performances« , juge la native de Paimpol.
« Jouer une demi-finale en Angleterre face à elles, ça va être très grand. C’est le rêve de toutes les équipes de les battre. Il faudra beaucoup de courage, du combat, il faudra aussi oser, se lâcher pour retrouver le french flair » Lenaïg Corson
Pendant que les Red Roses écrasaient l’Ecosse (40-8), les Bleues patinaient et ont frisé la correctionnelle face à la modeste Irlande. Pas de quoi rassurer, avant d’affronter ce qui se fait mieux dans le monde. Lenaïg Corson voit pourtant des motifs de satisfaction. « On a eu une défense monstrueuse et notre mêlée a été très impactante. Si on défend bien, si on est solidaires et qu’on reste connectées, qu’on les empêche de jouer après-contact et qu’on défend bien les ballons portés, ça peut le faire. Il va falloir être disciplinées également« , conseille la consultante RMC.
Un autre point est important : la pression. Elle sera assurément sur les épaules du pays hôte. « Tout le monde s’attend à ce qu’on perde« , sourit Corson. Elle conclut : « Jouer une demi-finale en Angleterre face à elles, ça va être très grand. C’est le rêve de toutes les équipes de les battre. Il faudra beaucoup de courage, du combat, il faudra aussi oser, se lâcher pour retrouver le french flair« . Des motifs de satisfaction donc… mais aussi une triste nouvelle apprise ce vendredi après-midi. La facteur X Joanna Grisez, dynamitrice de défense, est absente suite à une gêne ressentie à une jambe. Un coup de massue. Et une absence qui s’ajoute à celles de Berthoumieu, Manae Feleu ou encore Queyroi. Le groupe devra être encore plus resserré et solidaire.
Si les Bleues tombent encore, le mythe anglais n’en sera que renforcé. Mais si elles brisent l’invincibilité, réalisent le presque impossible, ce ne sera pas seulement une qualification en finale. Le rugby féminin français attend son instant fondateur. Peut-être arrivera-t-il ce samedi ?