Une Coupe du monde est un moment hors du temps. Un moment que l’on prépare pendant plusieurs années. Avec des obstacles, des déceptions, de l’espoir. Pour au final, un mois de compétition qui passe à une vitesse folle. Et avec des résultats, qui, souvent côté tricolore, ne sont pas à la hauteur. Les Bleues ont été balayées à Twickenham, le temple du rugby mondial, face aux Blacks Ferns (42-26). Résultat, une triste quatrième place, à la fois prévisible mais aussi et surtout frustrante. Prévisible car le parcours du XV de France était relativement simple à pronostiquer.
Marine Ménager et les siennes ont balayé l’Italie (24-0), le Brésil (84-5) et l’Afrique du Sud (57-10) en phases de poules. Jusqu’ici, rien de bien surprenant même si le contenu n’a pas toujours été parfait. Il ne fallait pas être un bookmaker certifié pour comprendre que le vrai parcours des Bleues dans cette Coupe du monde allait démarrer en quart de finale. Pas manqué. Même ce quart de finale laissait présager un cavalier seul des joueuses du duo Mignot-Ortiz, face à une Irlande habituellement faible. Et pourtant. Sous un temps chaotique à Exeter, les Françaises ont longtemps été submergées. Le bateau tricolore tanguait de tous les côtés. Avant de trouver le bon cap et de finalement reprendre le large en fin de partie (18-13).
Les espoirs d’un exploit face aux Red Roses en demi-finale s’amenuisaient. Déjà car les Bleues ne pouvaient pas compter sur Manae Feleu, Axelle Berthoumieu et surtout Joanna Grisez. Encore plus lorsque l’on rembobinait la machine, et qu’on s’apercevait du niveau affiché face aux Irlandaises. Sauf que cette demi-finale rappelait à tout le monde que tous les matches sont différents. Que l’aspect mental, dans les grands rendez-vous, pouvaient se transformer. Et que la solidarité pouvait faire tenir tout un édifice. Le courage, lui, ne suffit pas.
Malgré la bataille livrée, les beaux mouvements, l’agressivité du début de match, les tricolores tombaient encore face à plus fortes qu’elles. Plus professionnelles, aussi, plus réalistes. Avec un banc supérieur et une maîtrise même quand ça ne va pas. A la fin de la partie, les valeureuses combattantes laissaient échapper quelques pleurs. Forcément, le parcours s’arrêtait encore au stade du dernier carré. Oui mais il restait un match, pour sauver l’honneur, terminer sur une bonne note, remercier les joueuses qui allaient arrêter ou tout simplement poser la première pierre de futur de l’équipe. Face aux Néo-Zélandaises, qui plus est.
Audiences historiques
Là aussi, Gabrielle Vernier et ses coéquipières ont tout tenté. Elles ont même inscrit trois essais en suivant et frôler une folle remontée. Pas suffisant. Plus de 40 points dans la musette, une décevante quatrième place et une fin de parcours. Rageant mais logique. Dans la foulée, les Red Roses – emmenées par une exceptionnelle Ellie Kildunne – marchaient sur le Canada pour décrocher le graal. Implacable et sans surprise. Un échec permet toujours d’apprendre. Quoiqu’on en dise, le fossé entre l’Angleterre et la France reste énorme. C’est aujourd’hui à la nouvelle génération, incarnée notamment par Léa Champon par exemple, de prendre la relève. C’est à la Fédération de continuer de structurer le rugby féminin. D’arriver à une quasi-professionnalisation. Autrement, les désillusions se succèderont.
Seule satisfaction de cette Coupe du monde, les très belles audiences réalisées par TF1, avec notamment près de 4 millions de téléspectateurs lors de la demie contre l’Angleterre. Prochaine échéance pour les Bleues, le Tournoi des six nations 2026 et un premier match contre l’Italie le 11 avril prochain. Avec l’envie de tourner la page et de se projeter vers un plus bel avenir.