Des cendres entre deux mêlées : après l’incendie des vestiaires, la solidarité inattendue entre des clubs amateurs de Limoges

Après l’incendie possiblement criminel qui a détruit ses vestiaires, le Rugby club de l’Aurence, en Haute-Vienne, aurait pu sombrer dans le marasme. Mais, dans une ville où les rivalités sportives forgent les passions depuis des décennies, c’est la solidarité qui a pris le dessus. Clubs rivaux, bénévoles et municipalité se sont unis pour sauver la saison et rappeler que le rugby, plus qu’un sport, est une fraternité.
Les vestiaires partagés entre le Rugby club de l'Aurence et le club de football local ont été incendiés dans la nuit du 15 septembre. La piste criminelle est privilégiée. Photos : LHT
Les vestiaires partagés entre le Rugby club de l'Aurence et le club de football local ont été incendiés dans la nuit du 15 septembre. La piste criminelle est privilégiée. Photos : LHT

Des cendres entre deux mêlées : après l’incendie des vestiaires, la solidarité inattendue entre des clubs amateurs de Limoges

Après l’incendie possiblement criminel qui a détruit ses vestiaires, le Rugby club de l’Aurence, en Haute-Vienne, aurait pu sombrer dans le marasme. Mais, dans une ville où les rivalités sportives forgent les passions depuis des décennies, c’est la solidarité qui a pris le dessus. Clubs rivaux, bénévoles et municipalité se sont unis pour sauver la saison et rappeler que le rugby, plus qu’un sport, est une fraternité.

Après l’incendie possiblement criminel qui a détruit ses vestiaires, le Rugby club de l’Aurence, en Haute-Vienne, aurait pu sombrer dans le marasme. Mais, dans une ville où les rivalités sportives forgent les passions depuis des décennies, c’est la solidarité qui a pris le dessus. Clubs rivaux, bénévoles et municipalité se sont unis pour sauver la saison et rappeler que le rugby, plus qu’un sport, est une fraternité.

Il y a des flammes qui consument et d’autres qui réchauffent. Celles qui ont léché les vestiaires du Rugby club de l’Aurence (RCA), dans la nuit du 15 septembre 2025, appartiennent à la première catégorie : noires, dévastatrices, elles ont réduit en cendres un lieu qui n’était pas seulement un bâtiment, mais un sanctuaire de convivialité, de sueur et de rêves partagés.

« Ça devait finir par arriver. On nous veut des problèmes depuis plusieurs mois, avec de nombreuses dégradations de nos infrastructures et des vols. Il y avait de grosses tensions avec des gars du club de foot« , concèdent un ancien joueur passé par le RCA. Cette fois, un incendie a carrément consumé les vestiaires partagés entre les clubs de foot et de rugby, dans un quartier de Limoges en proie au trafic de drogue et à des « émeutes » en début d’été, ces dernières ayant fait la Une des médias nationaux. Concernant l’incendie, une enquête a été ouverte par le parquet de Limoges. Selon une source proche de la municipalité, la piste criminelle serait privilégiée.

Sursaut collectif

Pourtant, dans ce chaos, d’autres flammes se sont allumées : celles de la solidarité. Car à Limoges, le ballon ovale n’est pas qu’un prétexte à l’affrontement sportif ; il est aussi un ciment social, un langage commun qui transcende les couleurs de maillots. L’incendie aurait pu signer l’arrêt brutal de la saison pour la centaine de licenciés de l’Aurence. Mais il a surtout ouvert la voie à un sursaut collectif où anciens adversaires, parfois farouches, ont tendu la main.

Dès l’annonce du drame, le Rugby club Verneuil et Aixe Rugby Athlétique ont proposé d’accueillir les jeunes de l’école de rugby. « Sur le terrain, nous nous battons l’un contre l’autre. Mais en dehors, ce sont des gamins, des éducateurs, une passion commune. On ne pouvait pas les laisser tomber« , souffle un des dirigeants. Une évidence, presque, tant les valeurs du rugby imposent ce mélange singulier de rudesse et de fraternité.

Sous la même bannière

Restait, sans vilain jeu de mot, la question brûlante des équipes seniors, masculine et féminine. À quinze jours du début du championnat, comment imaginer une saison sans vestiaires, sans infrastructures ? C’est alors qu’est intervenu un autre voisin, souvent perçu comme un rival : le Rugby Club Palaisien. Au terme de discussions menées tambour battant entre staffs et entraîneurs, une solution de rassemblement a été scellée.

L’Aurence et Le Palais, deux clubs qui s’étaient affrontés des décennies durant, joueront cette saison ensemble sous une même bannière en Régional 3. L’entente n’a pourtant pas démarré de la meilleure des manières sa nouvelle aventure, avec une défaite à domicile d’entrée au stade du Gravier, sur les hauteurs du Palais-sur-Vienne.

« Personne ne mérite de voir son club subir une situation aussi injuste.« 

Le club de l’Aurence

Cette alliance de circonstances, certes, témoigne d’un esprit plus large. « Nous n’avons pas hésité« , raconte Fabien Pétignaud, le président de l’Aurence. Face à urgence humaine, les égos et les souvenirs de matches tendus ont été mis de côté. Avec une conviction : « Personne ne mérite de voir son club subir une situation aussi injuste. » Les féminines évolueront, elle aussi, sur les installations du Palais, preuve que la solidarité n’est pas qu’un mot, mais une réalité concrète.

Ce sursaut dépasse largement le rectangle vert. À Limoges, la mairie s’est immédiatement mobilisée pour trouver des solutions, promettant de nouveaux locaux provisoires, tout en engageant des démarches auprès des assurances. Les bénévoles, eux, se relaient chaque jour pour assurer la continuité des entraînements, organiser les déplacements, rassurer les familles. « Nous sommes tristes, bien sûr. Mais nous sommes debout« , poursuit la direction du club de l’Aurence dans un communiqué partagé sur les réseaux sociaux.

Loyauté invisible

Dans cette histoire, ce qui frappe finalement, c’est moins la violence absurde du vandalisme que la réponse collective qu’il a suscitée. Le rugby, sport de contact par excellence, rappelle (si c’était encore à démontrer) qu’il est aussi une école de lien. Que derrière les mêlées rugueuses, il existe une fraternité tacite, une loyauté invisible qui oblige.

À l’heure où les divisions sociales s’exacerbent, où l’individualisme semble triompher, l’élan limougeaud fait figure de parabole : c’est dans l’épreuve que s’éprouve la cohésion d’une communauté. Les vestiaires de l’Aurence ne sont plus que cendres et gravats. Mais sur les terrains alentour, des enfants continuent de courir, des femmes et des hommes continuent de plaquer, et des clubs ennemis hier se serrent la main aujourd’hui. Et si, finalement, ce drame venait de rappeler que l’essence même du rugby, comme de toute vie collective, tient dans ce geste simple : faire bloc ensemble, quand tout menace de s’effondrer ?

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