« Être professionnelle, c’est un rêve » : les confidences de Marie Ibañez, la lionne de Bordeaux

Dans une interview exclusive donnée à RuckZone, la jeune joueuse des Lionnes de Bordeaux a évoqué ses ambitions et surtout le choc face à Toulouse ce dimanche en Elite 1.

« Être professionnelle, c’est un rêve » : les confidences de Marie Ibañez, la lionne de Bordeaux

Dans une interview exclusive donnée à RuckZone, la jeune joueuse des Lionnes de Bordeaux a évoqué ses ambitions et surtout le choc face à Toulouse ce dimanche en Elite 1.

Avec son large sourire, difficile de penser que Marie Ibañez se prépare au choc de ce dimanche face au Stade Toulousain. La jeune joueuse des Lionnes de Bordeaux, championne de France la saison dernière avec le club girondin, s’est confiée en exclusivité pour Ruck Zone.

Sans éluder les sujets, l’ailière ou arrière est revenue sur la Coupe du monde disputée par une majeure partie de ses coéquipières, sur la saison à venir mais aussi sur ses ambitions. Toujours sans se cacher, la Dacquoise a évoqué son « rêve d’être professionnelle » un jour, elle qui n’a démarré le rugby qu’à 17 ans. Entretien savoureux à retrouver sur notre site.

RUCK ZONE. – Comment as-tu vécu la dernière intersaison ?

Marie Ibañez. : La saison s’est terminée fin mai avec un titre de championnes de France. C’était génial. C’était, pour moi, la première fois que je le devenais. Des sensations et des souvenirs pleins la tête, que je garderai à vie. J’étais trop contente de le faire avec des filles qui, pour certaines, l’ont été trois fois d’affilée. Ça a lancé nos internationales vers une bonne dynamique pour la Coupe du monde et pour leur pré-saison. Et nous, celles qui n’ont pas été sélectionnées, on s’est entraîné jusqu’à maintenant et la reprise du championnat ce dimanche.

Avec le nombre de sélectionnées, la préparation a-t-elle été différente ?

M. I. : On a forcément dû s’adapter. Presque la moitié de notre équipe titulaire en finale faisait partie de l’équipe de France donc il a fallu s’adapter. On a bien travaillé en interne pour se mettre dans de bonnes conditions et travailler toutes nos combinaisons, nos stratégies, pour être au point lorsqu’elles reviennent. Il fallait qu’on fasse cela pour bien se reconnecter ensemble. Sur cette semaine, on a vraiment senti que les filles sont revenues comme si de rien n’était. J’ai été plutôt bluffée par ça. C’est chouette.

Comment as-tu vécu cette Coupe du monde, toi qui avais un bon nombre de coéquipières et d’amies en équipe de France ?

M. I. : Nous, les filles des Lionnes, sommes hyper fières d’elles. Elles ont connu un parcours extraordinaire en Coupe du monde même si on sait qu’elles ont été déçues par le résultat. J’espère qu’elles se rendent compte de tout ce qu’elles ont fait (sourire). Elles ont eu un vrai impact sur le rugby féminin, en France et dans le monde. 80.000 personnes sont notamment venues les voir à Twickenham et pour l’évolution du rugby féminin, c’est fou. Et nous à côté, on leur a envoyé beaucoup d’amour, beaucoup de soutien, on leur a dit de tout donner et c’est ce qu’elles ont fait.

Cet engouement peut-il retomber sur vous et sur les clubs ?

M. I. : C’est sûr. On sait que l’an dernier déjà, des matches ont été diffusés sur Canal +. Ça a créé un bon engouement autour du rugby féminin. Ça a bien enchaîné avec la Coupe du monde cet été. On espère que la dynamique sera tout aussi forte cette année et notamment dès ce week-end avec le premier match de championnat contre Toulouse sur Canal +. Ça annonce un gros début de saison et on espère être regardées comme ça a été le cas l’année passée.

Ce match face à Toulouse est aussi un match particulier pour toi…

M. I. : Spécial, oui, car je suis arrivé aux Lionnes l’an dernier. J’ai fait quatre saisons au Stade Toulousain. Ça fait six ans que je joue au rugby mais trois ans en Élite 1. Retrouver les copines sur le terrain est toujours spécial parce que je les connais et j’apprécie beaucoup de filles dans l’équipe. Mais je suis très contente de jouer Toulouse et aussi très ambitieuse, avec l’envie de tout donner.

Marie Ibañez entame une nouvelle saison sous le maillot des Lionnes de Bordeaux. (Photo by Loic Cousin/Icon Sport)

Quel est le discours quand on fait partie d’un club qui gagne presque tout ?

M. I. : On sait que nos adversaires sont aussi très fortes. À la fois on les connaît, et à la fois on ne les connaît pas tellement. Toulouse par exemple est une équipe très imprévisible. Quand on joue face à elles, il faut être toujours alertes. C’est ce genre de match que l’on aime. Ce sont des matches avec des enjeux. On sait que ça va être dur mais c’est ça aussi qui nous donne envie de jouer. Quand on se souvient de la dernière finale face à ces mêmes Toulousaines, rien n’était joué. La seconde période était très serrée. On attend ces matches toute l’année. Et pour le coup, d’entrée face à Toulouse, ça va donner ! (Sourire)

Quels sont les objectifs fixés avant la saison ? D’être championnes, sans doute, mais vous le dites-vous clairement ?

M. I. : Pour chaque équipe c’est pareil. On fait des sacrifices toute l’année, on s’entraîne dur pour justement être championnes. Oui on en parle. Une saison, c’est long. Là ça va l’être encore plus, on termine en juin. Il faut bien s’organiser, bien s’entraîner. Si on met tout en place pour ça, on peut faire partie du top 4 et après aller chercher une finale je l’espère. Et la gagner encore plus j’espère ! (Rires)

Comment juges-tu l’évolution de l’Elite 1 ?

M. I. : Comme dans tout, il y a forcément beaucoup de choses à améliorer. L’Elite 1 est un championnat qui évolue d’année en année. La saison passée, il y a eu une évolution logique avec la diffusion de certaines rencontres. Le niveau également, avec l’arrivée de jeunes joueuses qui ont notamment connu des pôles de formation. Elles sont très motivées et impressionnantes. C’est un championnat de plus en plus attractif.

Qu’est-ce qui manque encore dans le rugby féminin pour qu’il y ait un peu plus de structuration ?

M. I. : Il y a toujours la question du professionnalisme. Pour le moment, les filles qui ne sont pas sélectionnées comme moi, sont semi-professionnelles. C’est assez compliqué parfois d’allier la vie professionnelle et le rugby. Pour ma part, j’ai un double projet, avec des études de professeure d’EPS. J’ai eu ma licence et je souhaite passer le concours plus tard. En réalité, avec le rugby qui s’est enchaîné ces deux dernières années, j’ai dû un petit peu m’accrocher pour l’obtenir mais je suis fière de l’avoir eue (sourire). En même temps, c’est compliqué de poursuivre dans ma filière tout en jouant au rugby donc ce problème de professionnalisation est bien là. Ça passera aussi par le nombre de personnes qui nous regarderont, les sponsors qui mettront de l’argent…

Concernant ton double projet, le club t’accompagne-t-il ?

M. I. : Oui il m’accompagne. Le club m’aide et m’aidera cette année à trouver des remplacements en tant que professeure d’EPS, afin de bien être coordonnée avec mes heures d’entraînement. C’est super pour moi. Ils accompagnent beaucoup de filles qui ont d’autres projets ou qui cherchent des alternances. Ils sont très investis.

Comment organises-tu ta semaines ?

M. I. : Je suis très contente pour mes coéquipières internationales qui ont la possibilité de ne vivre que du rugby. Pour ma part, ce serait un rêve aussi (rires). Sinon, notre semaine est assez similaire pour tout le monde. On a entraînement mardi midi et soir, mercredi midi et soir, et vendredi midi. Ce sont des journées qui sont entrecoupées et ce n’est pas facile pour la vie professionnelle parce que des fois on doit dire qu’on part en avance par exemple. C’est un peu galère. Sinon, on s’entraîne, on se couche à 22h et on repart le lendemain à 08h du matin (rires).

Comment fais-tu pour glaner du temps de jeu malgré la concurrence ? Ta polyvalence arrière-ailière t’aide bien ?

M. I. : On parlait de Toulouse tout à l’heure où j’y ai passé quatre ans. J’ai été très bien formée. On connaît ce club bien sûr, qui a su m’expliquer les bases du rugby puisque j’ai commencé assez tard, à 17 ans. J’ai pris beaucoup de confiance et j’ai élevé mon niveau aux Lionnes, grâce aussi au niveau des filles autour de moi. Elles m’ont beaucoup accompagné, elles m’ont fait des retours positifs aussi. J’ai ressenti que j’ai élevé mon niveau avec, en plus, ce titre de championne de France. J’ai vraiment pris confiance en moi et je suis prête cette année à tout donner.

Tu as commencé très tard, mais tu as un grand-père, un père et deux frères qui connaissent bien le rugby… Ça aide quand même…

M. I. : Avec ma famille, je ne peux pas passer à côté du rugby (rires). Je suis très fière de faire partie de cette famille. On se soutient les uns les autres, tout le temps, dans tous les projets entrepris. Avant, je faisais de la danse, donc rien à voir, mais ils étaient là pour me soutenir. Dans le rugby, c’est vrai que je suis fière d’être la fille de mon père mais quand même, j’aimerais aussi m’inscrire en tant que Marie Ibañez et pas seulement la fille de Raphaël. Je veux aussi performer à mon niveau. Il faut aussi passer le flambeau et c’est bon, c’est l’ancienne génération. La nouvelle génération est prête à se battre (sourire).

J’espère élever encore plus mon niveau de jeu pour un jour décrocher une sélection en équipe de France. C’est l’un de mes objectifs, que j’ai pu me fixer depuis que j’ai commencé et encore plus depuis que je côtoie le niveau d’Elite 1. Être entourée de toutes ces filles internationales qui nous font rêver, ça donne envie d’être sélectionnée

Marie Ibañez

Se faire un nom, c’est décrocher une sélection ?

M. I. : Alors oui, j’y pense, forcément. J’espère élever encore plus mon niveau de jeu pour un jour décrocher une sélection en équipe de France. C’est l’un de mes objectifs, que j’ai pu me fixer depuis que j’ai commencé et encore plus depuis que je côtoie le niveau d’Elite 1. Être entourée de toutes ces filles internationales qui nous font rêver, ça donne envie d’être sélectionnée (sourire).

L’UBB conseille-t-elle les Lionnes ? Avez-vous le droit d’utiliser leurs infrastructures ?

M. I. : Le mardi soir, on s’entraîne au CEVA Campus, le centre d’entraînement des pros et des espoirs de l’UBB. Il nous amène beaucoup de confort, de professionnalisme, avec notamment une immense salle de musculation, des terrains synthétiques… On a une passerelle avec l’UBB qui nous aide. Après, je pense que ce lien pourrait être un peu plus renforcé sur des points de communication par exemple, avec des collaborations, des pubs que l’on pourrait faire avec eux pour consolider l’image. Avec des joueurs de l’UBB et des joueuses des Lionnes, ça pourrait être cool.

Comment te sens-tu avant d’aborder le début de la saison ? On a la sensation qu’il n’y a pas de pression…

M. I. : Pression, oui et non. En réalité je n’aime pas trop ce mot (rires). Je trouve que quand on est dans une équipe où on est à l’aise, dans laquelle on se sent prête à jouer, on a qu’une envie : être sur le terrain. En fait, j’ai juste hâte que le championnat commence, voir comment on se débrouille et comment on va bien entamer cette saison.

Pas de cadeau face à Toulouse, donc…

M. I. : Ah non, il n’y aura pas de cadeaux des deux côtés c’est sûr ! On sait que les Toulousaines vont être revanchardes de la finale perdue, on sait qu’on a notre caractère et qu’on a envie de s’imposer face à elles… Il va y avoir un gros combat, il va falloir y mettre beaucoup de courage, d’engagement, et ce sera l’équipe qui arrivera à passer au-dessus de toutes les petites fautes qui réussira à gagner.

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