Les Assises du rugby breton samedi 8 novembre ont été un succès. Lieu symbolique, Saint-Cyr-Coëtquidan, les 160 participants représentant les 66 clubs bretons ont pris la parole pour évoquer des actes citoyens responsables et plein d’espoir, sans aucun déni pour toutes les violences.

La prise de parole du général Charpy a posé le cadre: le commandant général de division qui dirige l’Académie militaire a prononcé un mot d’accueil qui vraiment a élevé tout de suite les débats là où le président de la Ligue de Bretagne aurait osé l’espérer, Fabrice Quénéhervé: “On a parlé d’Assises pour vraiment insister sur le fait que cette assemblée était extraordinaire. On a eu des intervenants de qualité, et notre objectif initialement, c’était une initiative portée par Grégory Perretout, le vice-président de la Ligue chargé de la cohésion sociale. Donc c’était plutôt orienté “comportements déviants, protection de l’enfance, le public mineur”, etc. Et puis, compte tenu de la politique fédérale, l’’accent a été mis sur la prévention des incivilités, la lutte contre les violences, on a décidé de s’en emparer aussi. Et du coup, là, c’est Emmanuel Grimault, qui est secrétaire général adjoint de la Ligue, qui porte le champ régalien, qui a été contributeur aussi pour qu’on puisse construire un programme sur la journée. Donc c’est vraiment toute la journée qui couvrait un maximum de thématiques.”

Un programme extrêmement riche, avec le risque que ce soit à la limite trop, parce que ce sont des sujets potentiellement lourds vis-à-vis de la responsabilité qui incombent à un dirigeant bénévole, à ce que le fait d’avoir endossé ces responsabilités pouvait induire comme conséquence. Mais globalement, le ressenti, en tout cas, le sentiment général à l’issue de cette journée était extrêmement positif.
La deuxième thématique abordée a été portée par l’association Colosse aux pieds d’argile et sa représentante, plutôt orientée responsabilité vis-à-vis d’un public mineur. Colosse aux pieds d’argile a insisté sur la prévention des violences sexuelles mais aussi le harcèlement, le bizutage, interdit.

Quénéhervé à la relance: “Notre seconde séquence a porté sur un sujet essentiel qui est la présence d’alcool dans les lieux associatifs. Il y a eu un cas très intéressant, un retour d’expérience très intéressant dont j’avais eu vent en Normandie sur une consommation d’alcool à l’occasion d’un anniversaire. Un joueur avait apporté de quoi offrir un verre à ses coéquipiers à la fin d’un entraînement. Ils ont bu un verre, ils sont partis après en soirée, etc. Bon, il se trouve qu’il y a eu après une rencontre avec les forces de l’ordre, mais dans le déroulé de la soirée qu’il lui avait été demandé de restituer, il a évoqué le fait que le premier verre avait été consommé dans une enceinte associative. Et donc la présidente de l’association avait été convoquée en gendarmerie…”.
Quénéhervé: “On est au service de nos associations et de nos licenciés. Et bien, dans un objectif de formation continue, on a essayé d’abord d’ouvrir le débat sur beaucoup de sujets vis-à-vis desquels la responsabilité de l’encadrant ou du dirigeant pouvait être engagée. Et puis leur permettre d’être sensibilisés, et puis mieux se préparer à certaines situations, voire même éviter des ennuis.”
Protéger les dirigeants, les encadrants, les sensibiliser, faire en sorte qu’ils soient le plus préparés possible à tout type de situation. “responsable mais pas coupable”… Le président poursuit: “Je suis un bénévole, un amoureux de mon sport. J’ai pratiqué comme joueur. J’ai arrêté parce que la vie professionnelle m’a imposé de limiter le risque de blessure. J’y suis revenu indirectement en tant que papa. Et la passion étant toujours là, forcément, on donne un coup de main. Et puis comme je l’ai coutume de le dire, dans le bénévolat, on est tous des victimes consentantes! Et puis progressivement, on donne un coup de main. Et puis l’année d’après, on passe le brevet fédéral d’éducateur…”
La Bretagne a la chance d’avoir un taux de fidélisation de près de 85% chez les dirigeants bénévoles. Tout ça, ça repose sur comment entretenir la flamme, comment continuer à accompagner, à former, faire monter en compétence, valoriser. Le travail est récompensé avec un fort taux de progression – signifiant aussi que le territoire partait de loin – mais avec désormais un héritage à assumer. Une croissance de 50% des effectifs en moins de 5 ans, sur 10 ans, c’est phénoménal.

Le président, modeste mais fier: “Le slogan qu’on avait retenu très englobant pour nos assises, c’était « prenons soin de notre rugby ». On n’est pas des donneurs de leçons. C’est vraiment un mot d’ordre plus qu’un cri d’alarme. On est vraiment sur ce double aspect, formation, accompagnement, et puis aussi mobilisation générale dans ce monde d’accueil, à parler de courage. Et le courage, c’est parfois aussi s’élever quand on voit le silence dans les tribunes à la Rabine quand une transformation est frappée, y compris par l’adversaire.”
Rendez-vous pour les premiers menhirs du rugby breton le 13 décembre, première soirée de gala de ce rugby régional si attachant. En toute responsabilité. Assise.