Coralie Bême, 21 ans, est étudiante en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, dispute sa 3ème saison avec le RC Vannes, pilière ou deuxième ligne ou numéro 8. Un sacré numéro.
Au départ c’est une gymnaste, avec plus de 15 ans de pratique, environnement familial oblige: les parents sont dans le milieu de la gym et les sœurs aussi.
Coralie détaille: “J’ai toute ma famille en fait, parce que j’ai eu de la gym au départ. Bon, on a un point commun, on est originaire de la région parisienne, dans le 95, pas loin d’Argenteuil, enfin entre Argenteuil et Cergy.”

Pas loin de Colombes, mais comment une gymnaste francilienne tombe dans le rugby morbihannais? “Alors, moi c’est mon papa qui m’y a mis, pour plusieurs raisons, j’avais le choix entre la boxe et le rugby, le psychologue m’a dit ça, et mon père m’a dit, ça sera très bien, tu feras du rugby, et mon père a fait du rugby très très très longtemps, il a joué au Stade Français. Donc, j’avais le choix entre un sport de combat individuel et un sport de combat collectif. J’ai eu beaucoup de problèmes à la sortie du Covid, et du coup, j’ai eu l’obligation d’aller voir un psy par ma mère, et j’avais d’énormes problèmes de colère, et du coup, c’est le psy qui m’a dit, “tu as le choix pour te dépenser publiquement et évacuer tes émotions entre la boxe et le rugby.” Un exutoire, oui. Un véritable exutoire.
Pour sa troisième saison à Vannes, l’étudiante en STAPS s’entraîne avec les 45 autres femmes licenciées: spécifique rugby le mardi et le jeudi, musculation et mise en place le mercredi et le vendredi à Jo-Courtel.

Pas simple tous les jours, surtout avec les aléas: “Depuis que je suis arrivée, on a toujours eu chaque année des changements de coach, donc refaire un plan de jeu, retrouver nos marques. Ce n’est pas simple, mais il y a quand même aussi pas mal d’ambition, il y a des moyens.”
Est-ce que Coralie a le sentiment, bien qu’étant jeune, d’être une pionnière et d’avoir un petit devoir envers ses cadettes et ses juniors? “Oui, forcément, parce que si on veut que le rugby féminin se développe, on est obligé, nous, en tant que seniors, de faire en sorte qu’on ait des recrues féminines des écoles de rugby. Avec mon cursus, je suis souvent au sein des écoles, des établissements scolaires. J’ai énormément de stages. L’objectif, c’est d’amener le plus de filles ou même de joueurs en général au rugby, dès qu’on voit qu’ils ont un peu de qualité.”
Le rugby, ce n’est plus considéré comme étant un sport véritablement de garçons, même si ça reste toujours, au vu du nombre de licenciés masculins par rapport aux féminines mais ça évolue.
Il est loin le temps où un président de la Fédération disait du rugby féminin “Ce n’est ni de rugby, ni féminin”… Ça a bien bougé, tant mieux.
Et puis la Bretagne a deux formidables ambassadrices, Caroline Drouin et Sandrine Agricole, qui ont fait beaucoup et qui continuent de faire beaucoup pour le rugby. Coralie: “Exactement. C’est grâce à ces femmes-là qu’aujourd’hui, on peut prétendre à dire qu’à un moment donné, il y aura autant de féminines que de masculins.”
Au stade, il y a les copains, les copines. Coralie les retrouve, ça boit un café, un jus d’orange ou une bière. Ça reste rugby: “Ah oui, bien sûr, il y a toujours cette mentalité, je ne sais pas trop comment l’expliquer, et d’autant plus développée en Bretagne comparé à Paris, Il y a toujours cette vision de fête. Et la transmission: “J’encadre aussi des U13, j’ai entraîné de U6 à U10 et là, je suis passée à U13. Donc forcément, ce n’est pas les mêmes attentes et j’avais peu de filles avant. Là, on est trois, quatre, ce qui est déjà beaucoup à cet âge-là. Elles s’en sortent et persévèrent.
Le mot de la fin? Un plaidoyer pour ce drôle de sport: “Mon rugby, je crois que c’est un des meilleurs sports qui existe.Que ce soit dans la mentalité, dans ses valeurs et dans la pratique physique en général.