Préparation, double projet et ambitions : Amélie Derrey et Mélanie Blanchard racontent le rugby féminin à Toulon

Avant d'entamer la saison d'Elite 1 face à Blagnac, Mélanie Blanchard et Amélie Derrey, joueuses du Rugby Club Toulon Provence Méditerranée, se sont confiées en exclusivité pour Ruck Zone.

Préparation, double projet et ambitions : Amélie Derrey et Mélanie Blanchard racontent le rugby féminin à Toulon

Avant d'entamer la saison d'Elite 1 face à Blagnac, Mélanie Blanchard et Amélie Derrey, joueuses du Rugby Club Toulon Provence Méditerranée, se sont confiées en exclusivité pour Ruck Zone.

Comment avez-vous vécu ce titre de championnes d’Elite 2 ? 

Amélie Derrey : Ça fait deux ans que je suis au RCPM. Mélanie, elle vient d’arriver. Sinon, des étoiles dans les yeux… Quand on devient championnes, tout s’arrête. Et après, c’est un peu dur de reprendre, surtout qu’on grimpe d’un niveau. On a recommencé, début août. Malheureusement, je me suis blessée au travail. Du coup, je n’ai pas pu faire l’intersaison. Du coup, j’ai repris en septembre. 

Et vous Mélanie, comment avez-vous vécu cette intégration ?

Mélanie Blanchard : J’étais au Stade Rennais avant. En plus, on est descendu. Donc là, changement de club, avec de grosses ambitions. L’intersaison est hyper intéressante en termes d’énergie. En plus, avec un groupe qui est devenu championne, c’est incroyable.

La montée a changé quelque chose dans votre préparation ?

A. D. : L’année dernière, on est parti comme ça en août, on a fait la même préparation. Après, si on fait mieux que le maintien, on prend.

M. B. : Je pense qu’on est conscientes de ce que le club a proposé. On est conscientes aussi de nos capacités. Et on est quand même beaucoup aussi à connaître le niveau d’Elite 1. On sait que ça va être dur, mais on sait que c’est réalisable. 

Avez-vous de la pression avant le début du championnat ? 

M. B. : Même Bordeaux a de la pression pour le début du championnat. Donc, il y aura toujours de la pression, mais il y a surtout beaucoup d’envie et d’ambition. C’est ce qui va surpasser la pression, je pense. 

Le fait que Canal + diffuse quelques matches d’Elite 1, cela doit vous réjouir… 

M. B. : Moi, je trouve ça fou la façon dont ça évolue. L’année dernière, en Elite 1, j’ai regardé, il n’y avait que cinq matchs de diffusés. Là, il va y en avoir une dizaine. En fait, c’est fou comment le rugby féminin est en train de monter et de gravir un peu cette échelle au niveau de diffusion. Ca ne peut que nous ouvrir des portes. C’est trop bien. 

N’est-ce pas trop dur de ne pas être professionnelles ? 

A. D. : On a tout à notre portée. C’est vraiment trop cool. Mais c’est sûr, à côté, on travaille, on va à la muscu, on retravaille, le soir on part à l’entraînement… Donc on fait de grosses journées et notre corps, il encaisse.

M. B. : Aujourd’hui, le rugby féminin, c’est un double projet. Il n’y a que celles qui sont en équipe de France, qui ont des contrats, qui ne peuvent faire que ça. Mais nous, on ne peut pas en vivre. On peut mais sur le court terme. 

Auriez-vous aimé être professionnelles ? 

A. D. : C’est un rêve. S’entraîner le matin, avoir de la récup’ l’après-midi, comme les professionnelles…

M. B. : C’est un objectif, en vrai. On fait du sport, on s’engage… On a beaucoup d’ambition pour ça. Parce qu’on n’est pas là que pour faire du rugby de façon ‘tranquille’, ou juste pour le plaisir. On veut quand même que ça évolue. Il y a une cause à faire évoluer. 

A.D. : Je pense que nous, on va faire en sorte que les prochaines générations aient ce qu’on aurait aimé avoir. 

Cette saison, votre club mise-t-il sur la jeunesse ? 

M. B. On a beaucoup de jeunes, mais on a quand même beaucoup d’anciennes et qui qui apportent leur expérience et leurs exigences. Il y a un bon équilibre. 

Comment jugez-vous la performance de l’équipe de France lors de la dernière Coupe du monde ? 

M. B. : On y croyait ! Après, dès le premier match de préparation contre l’Angleterre, on a dit que ça allait être dur. Mais au final, elles ont réussi à se battre. Evidemment, les derniers matchs ont été frustrants et pas à la hauteur de ce qu’on attendait. Elles font quand même parties des quatre meilleures nations. On est un peu déçues, mais en fait, on est quand même très fiers de notre équipe et de ce qu’elles ont pu produire. Elles nous ont mis des étoiles dans les yeux. Un peu de frustration quand même mais c’est le sport après tout.

Que manque-t-il à cette équipe pour aller plus loin ? 

A. D. : De nouvelles têtes ! Léa Morland par exemple a rajouté une fraîcheur énorme. Elle manque sûrement d’expérience mais je pense que ce sont ce genre de joueuse qu’il faut commencer à vraiment fidéliser. Dans quelques années, elles seront des top joueuses.

En termes d’audience, la Coupe du monde a cartonné. On imagine que vous espérez que cela suive pour vous… 

M. B. : C’est sûr. On aimerait aussi avoir la même audience. Après, évidemment, ce n’est pas la même chose, ça va évoluer. C’est grâce à elles que ça va arriver. Elles ont très bien réussi à le faire. 

A. D. : Déjà, grâce à la Coupe du Monde, il y a beaucoup de filles qui se sont mises à faire du rugby. Ca, c’est déjà un grand pas dans ce qui va arriver plus tard.    

Votre équipe est-elle en relation avec le RCT ? Des parallèles se font-ils ? 

A.D : Après notre titre, quelques joueuses sont allées voir les espoirs parce qu’ils étaient aussi en finale. On leur a raconté comment ça s’est passé, comment il faut aborder une finale…C’était bien. C’est un bon début même s’ils ont perdu la finale.

Ce championnat est-il en train de changer et de se structurer ?

M. B. : Nous ne sommes plus que 10. Déjà, ça fait aussi évoluer le championnat d’Elite 2 aussi. C’est sûr que Bordeaux, Toulouse, Clermont sont devant. Mais ce sont des équipes quand même prenables. Tous les ans, de grosses équipes comme Toulouse ou Bordeaux, sont font battre par Lille, ou anciennement le Stade Rennais.

Quelle a été votre plus grande affluence la saison dernière ?

A. D. : Notre plus grande audience, c’était 1500 personnes au stade Mayol, en Elite 2. Le problème, c’est qu’on pourrait jouer en baissée ou levée de rideau à Mayol avec les garçons sauf qu’il n’y a que deux vestiaires et ce n’est pas possible.

Pour cette saison, arrivez-vous à avoir des ambitions malgré votre statut de promu ? 

M. B. : Le principal, c’est qu’on soit maintenu le plus vite possible. Ça, c’est vraiment le discours des coachs. Le but, c’est qu’on se maintienne et que si on peut le faire le plus vite possible, on aura une pression en moins et on sera libéré de tout. Chaque point est à prendre. On doit s’accrocher.

Quelles sont vos forces principales ?

M. B. : Nos avants sont solides mais on joue aussi beaucoup avec nos trois-quarts. Ils nous guident. On a des trois quarts qui jouent au ballon. Et puis nous, quand on doit mettre de la puissance, on le fait. 

Amélie, quel est votre premier ressenti sur les nouvelles recrues ?

A.D. : Franchement, je trouve que les nouvelles recrues se sont beaucoup mieux intégrées que celles d’il y a deux ans ou l’année dernière. En tout cas plus vite. Il y a beaucoup de jeunes qu’on accompagne. Après, on a trois étrangères qui sont arrivées. Trois joueuses qui ont fait la Coupe du Monde. Il y a deux Italiennes et une Écossaise. Donc, on verra comment ça se passe. Mais ça devrait bien se passer. 

Le club a donc des moyens d’attirer de nouvelles joueuses ?

M.B. : En réalité, le club a des moyens. Le club a peut-être les mêmes moyens que des gros clubs. Toulon a quand même réussi à financer des choses et à proposer des choses très intéressantes pour les recrues. C’est hyper intéressant parce qu’avec le projet et les ambitions qu’ils ont et qu’ils fixent, ils sont obligés d’aligner autant. Je pense qu’ils sont dans le haut du panier au niveau du financement.

A.D. : On ne va pas se plaindre.

Détaillez nous votre semaine type…

A.D. : Le lundi matin, il y a muscu en salle avec un préparateur physique. Le soir, on a entraînement. Le mardi, muscu. Le soir, on a cryothérapie. Le mardi, c’est le seul jour où on n’a pas d’entraînement terrain. Le mercredi, on a de nouveau muscu et terrain le soir parce qu’on s’entraîne au campus du RCT. Le jeudi matin, on a muscu et entraînement le soir. Et le vendredi après-midi, on a muscu au campus, pareil avec entraînement le soir.

Difficile de trouver un emploi compatible avec votre rythme rugby ?

AD. : On ne peut pas aligner un 35 heures avec ce qu’on fait. 

M.B. : Le club aussi essaye à ce que le plus de joueuses soient avec des entreprises partenaires ou avec le président. Comme ça, on peut gérer plus facilement notre planning. Après, évidemment, aucune fille ne va chercher un 35 heures. Mais les entreprises sont assez compréhensives, généralement.

Pas trop dur le retour au travail ou à l’école après un gros match ?

M.B. : Évidemment, mais c’est le quotidien qu’on a décidé de choisir aussi. S’il y en a qui ne sont pas prêtes… Évidemment, sur le moment, tu es fatiguée, c’est dur mais en fait, c’est un rythme à prendre.

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