Établir une liste de 32 éléments pour jouer une Coupe du monde, c’est à la fois choisir et renoncer. Pour les co-sélectionneurs du XV de France féminin David Ortiz et Gaëlle Mignot, c’est fait. Ils ont dévoilé samedi au CNR de Marcoussis le groupe retenu pour disputer l’événement majeur du rugby mondial, qui se tiendra du 22 août au 27 septembre en Angleterre.
Dans la colonne des demis de mêlée, seuls deux noms apparaissent. Celui de la Toulousaine Pauline Bourdon, cadre incontesté de cette équipe de France, et la joueuse de Romagnat Alexandra Chambon. Deux, ce n’est déjà pas beaucoup à un poste très spécialisé comme celui-ci, qui demande des compétences spécifiques et fait que deux numéro 9 sont nécessaires à chaque feuille de match (un titulaire et un remplaçant). Mais ce n’est pas tout. Pauline Bourdon doit purger une suspension de deux matchs, infligée après des propos jugés virulents sur l’arbitrage après la finale d’Élite 1 entre le Stade toulousain et le Stade bordelais.
Dans les faits, l’ancienne bayonnaise ne pourra donc pas jouer le terrible test-match de samedi à Mont-de-Marsan contre l’Angleterre, ni le premier match de poule des Bleues à la Coupe du monde le 23 août contre l’Italie au Sandy Park d’Exeter (21h15). Alexandra Chambon démarrera donc ces deux matchs et aura pour back-up sur le banc de touche une joueuse qui évolue normalement à un autre poste que celui de demi de mêlée.
« On est conscients qu’on peut potentiellement s’exposer sur les deux prochains matchs«
Un pari audacieux voire risqué mais pleinement assumé pour le staff. « C’est un choix qui a été fait au-delà de ces deux matchs, a expliqué David Ortiz samedi lors de l’annonce de la liste. On a organisé notre effectif avec 19 avants et 13 trois-quarts, ce qui nous a demandé d’arbitrer certains postes. On a la chance aujourd’hui d’avoir de la polyvalence qui nous permet de couvrir le poste au-delà de Pauline et d’Alexandra. On est conscients qu’on peut potentiellement s’exposer sur les deux prochains matchs mais cette polyvalence derrière va nous permettre d’équilibrer nos lignes. »
Le staff tricolore l’assure, cette option n’a pas été envisagée sur un coup de tête et a été travaillée durant son mandat. « On a beaucoup joué dessus depuis 3 ans, sur la capacité d’adaptation. On n’a pas voulu figer des joueuses à un seul poste. Aujourd’hui, on s’aperçoit durant les entraînements qu’on peut bouger certaines lignes sans que cela impacte notre jeu. »
Le « Crunch » de samedi face à des Anglaises déjà très affûtées – comme en témoigne le score fleuve de 97-7 qu’elles ont passé à l’Espagne – sera un vrai révélateur. En croisant les doigts pour éviter le scenario du pire, à savoir une blessure rapide d’Alexandra Chambon qui fragiliserait grandement les Bleus contre un tel adversaire, à deux semaines du début de la Coupe du monde.