World Rugby préconise désormais officiellement un maximum de 30 matchs par, par joueuse, par joueur. Qu’en pensent Provale? Intervalle? La LNR? Un président de club? Un manager? Pourquoi sortir cette préconisation à ce moment de la saison quand une Ligue mondiale dissidente (R 360) fait parler d’elle?
La France bénéficie d’une convention qui a inspiré la commission de World Rugby (Le responsable à la FFR du département d’accompagnement à la performance présidait cette commission) dont le bureau a entériné les préconisation suivantes, pour tous les pays membres:
- Pas plus de 30 matchs au cours d’une même saison ou six semaines consécutives de matchs.
- Pause de 5 semaines pendant l’intersaison.
- Périodes de repos minimales d’au moins une semaine s’ils sont sélectionnés pour des rencontres internationales.
- 12 semaines consécutives sans contact au cours d’une saison.
En France, côté présidents de club, on ne discute pas, comme Olivier Cloarec, président du RC Vannes, PRO D2 :
“Je n’ai aucun avis tranché, je ne suis pas médecin et je peux pas dire si 30 est le bon nombre de matchs. Ce qui est certain, c’est que la santé et l’intégrité des joueurs doivent être la priorité.”
Chez les représentants des joueurs, idem, on entérine, comme le précise le président de Provale Malik Hamadache :
”On n’est pas comme dans les autres sports comme on voit dans le basket ou le foot où on peut enchaîner les matchs. Dans le rugby, et c’est comparable avec la boxe ou le football américain, il est primordial de faire attention à la santé. C’est un signal positif, penser à la santé de nos athlètes.”
Consensus pour la santé des joueurs, c’est indéniable. Mais des interrogations que soulève par exemple Philippe Saint-André, le manager de Provence Rugby :
“Je pense qu’ils pensent à la sécurité du joueur, mais ils vont mettre en difficulté beaucoup de nations comme la Roumanie, le Portugal, l’Algérie, dont beaucoup de joueurs évoluent en Top 14, en Pro D2, en Nationale: 12 matchs avec leur équipe nationale, il ne reste que 18 feuilles de matchs en club, ces joueurs seront moins payés, ou il y en aura moins en sélections…”
Côté agents sportifs, on ne conteste pas les bienfaits de la préservation de la santé des joueurs. Mais on s’interroge sur le calendrier de la sortie des préconisations de Wolrd Rugby, menant aussi un combat contre la R 360, ligue dissidente mondiale émergeante. Miguel Fernandez, président d’Intervalle :
“Je ne peux m’empêcher d’y voir une réponse aussi à une certaine compétition qui va voir le jour, et qui, pour le coup, va beaucoup moins utiliser les joueurs en termes de nombre de matchs. Après, si on limite le nombre de matchs par joueur et par saison, il va falloir “expliquer ça” à certains présidents de club, notamment en France. Pour l’hémisphère sud, c’est beaucoup moins gênant: les fédérations prennent en charge une partie des émoluments des meilleurs joueurs du pays, je parle de l’Australie, de l’Afrique du Sud, de la Nouvelle-Zélande et de l’Argentine. Les meilleurs joueurs ont un contrat fédéral, un contrat avec la province et éventuellement un contrat avec un club. En France, ce n’est absolument pas le cas.”
Il est fini le temps où un Christian Califano, un Lionel Nallet et bien d’autres disputaient plus de 45 matchs par saison, tant mieux pour la santé des joueurs. Avant-dernier mot à Philippe Saint-André, à la croisée des intérêts des uns et des autres qui résume:
“Le problème, c’est que le club paye le joueur, dont bien sûr la santé et son bien-être du joueur sont le plus importants. Mais tu ne pourras plus payer un joueur pour qu’il ne fasse que 15 ou 16 feuilles de match par saison pour le club…”
Et dernier mot pour la LNR et son Président, Yann Roubert :
“Les recommandations adoptées fin septembre 2025 conservent les deux principes fondamentaux défendus conjointement par la LNR et la FFR depuis le début des discussions en 2023 et encore récemment dans celles qui ont précédé cette actualisation : les “guidelines” adoptées par World Rugby ne sont applicables que dans les pays où il n’y a pas d’accord domestique. Dans les pays où existent des accords domestiques – ce qui est le cas de la France avec la CCRP et la Convention FFR-LNR – ceux-ci prévalent, y compris dans leurs évolutions futures, sur les “guidelines” publiées par World Rugby et ce sur l’ensemble des dispositions.”
A suivre