« Ca fait dix ans que t’es parti pour acheter une pelle à gâteau, pour une sortie, c’est une sortie, mais t’aurais pu rentrer plus tôt… » C’est un peu le résumé du curieux destin de Mariano Benzano, Uruguayen, président depuis 2024 du Rugby Club de Saint-Brieuc. Explications du natif de Montevideo: ““En fait, j’ai commencé le rugby à l’âge de 12-13 ans, ensuite il y a eu les sélections nationales, et quand j’ai eu 22 ans, j’ai eu envie de connaître la France après l’avoir étudiée et appris la langue au lycée français.” Les parents ne cautionnant pas le régime de l’époque avaient mis tout en oeuvre pour que Mariano s’ouvre à l’extérieur; Tellement et si bien que le drôle d’oiseau a traversé l’Atlantique: “J’ai eu mon bac, j’avais entamé des études de droit mais je me suis dit que d’aller passer un an ou deux France ne serait pas mal. Un contact proche de Chateauroux a tout déclenché, le président d’un club de rugby. “A la base, je venais pour passer une petite année sabbatique, pour faire une coupure avec mes études, mais une année, deux années…” La suite c’est le club de Vendôme où le solide numéro 8 (1m90, 120kg) pose ses crampons et rencontre le Bretagne et l’amour: “J’ai rencontré une bretonne, et c’est comme ça que depuis 15 ans je suis installé en Bretagne, à Saint-Brieuc.”
Nécessairement, le club créé en 1963 agrippe l’Uruguayen, la suite c’est l’histoire du doigt dans l’engrenage, pas de retour en arrière possible: ”J’ai joué en 3ème ligne centre, avec les années j’ai commencé à descendre en 2ème ligne, et mes 5 dernières années, ça a été directement à la pile!” La suite, c’est l’école de rugby dont il s’occupe, 160 gamins dont une quarantaine de gamines, pas mal pour un club de 400 licenciés dans toutes les sections, école de rugby, pôle jeunes, les sections compétition seniors masculine, féminine, le R5 et le rugby santé.
Et puis la présidence, une succession en douceur d’un homme remarquable: Lucas Colné. Un entraîneur doit être entraînant? C’était un président entraînant! “J’essaye de faire de mon mieux après lui, quand j’ai pris la présidence, c’est parce que Lucas ne pouvait pas continuer, vu que son travail au comité départemental des Côtes d’Armor de rugby l’en empêchait, il ne pouvait pas faire les deux choses, donc on m’a proposé et comme j’étais responsable de l’école de rugby, j’ai accepté.” Avec humour et un engagement jamais démenti: “Je n’ai fait que continuer cet élan, en essayant que tout le monde soit content. Mais des fois ce n’est pas facile quand on a 400 licenciés, des fois ça peut être très vite 400 problèmes!” Ou plutôt les 400 coups, comme celui réalisé par le RC Saint-Brieuc à l’occasion du double stage de Vannes puis de Toulouse à Ploufragran (banlieue de Saint-Brieuc) en août dernier suivi du match amical entre les deux clubs au Roudourou de Guingamp: “Oui, ça a été génial. On a fourni les ramasseurs de balles, on a pu faire plaisir à plusieurs joueurs et joueuses de notre pôle jeunes.” Et puis il y a eu les dédicaces d’Antoine Dupont, les photos, des souvenirs d’une vie pour plein de jeunes de moins de 15 ans.
La méthode de Mariano? Le sourire même si parfois, comme sur un terrain, il faut se “montrer”: “Des fois il faut taper un peu sur la table, des fois il faut faire quelques câlins. On essaye de faire en sorte que ça se passe au mieux.” Toutes les sections, école de rugby, pôle jeunes, section féminine, F-18, section santé, rugby A5, etc… tendent vers le plus d’autonomie possible, par la responsabilisation des référents bénévoles. A l’école de rugby, par exemple, le club essaye que dans chaque catégorie il y ait des parents qui puissent relayer les infos, préparer les goûters, faire les liens de covoiturage, etc. “C’est pour essayer que ça ne soit pas toujours les mêmes qui fassent toutes les tâches. Ça commence à marcher, ça soulage le poids du travail de tout le monde.”
A l’arrivée, ce ne sont pas 400 licenciés mais près de 2000 personnes concernées par le Rugby Club Saint-Brieuc.