Déçu et fatigué, Siméon Soenen a tout de même accepté de répondre aux questions de Ruck Zone. Et on le remercie. L’arrière de 22 ans connaissait plus tôt l’une des plus grandes déceptions de sa jeune carrière : l’élimination de la Belgique aux portes de la Coupe du monde 2027.
Opposés aux Samoa, les Belges ont longtemps résisté. Au point de ne pas perdre la rencontre (13-13) mais d’être disqualifiés à cause d’un bonus offensif manquant contre la Namibie quelques jours plus tôt.
Soenen, brillant joueur d’Albi en Nationale, est revenu sur cette « déception » et raconte ce match qui restera dans toutes les têtes. Entretien.
RUCK ZONE : Comment te sens-tu quelques jours après l’élimination des tiens ?
Siméon Soenen : Beaucoup de déception quand même, après ce match, parce qu’on a quand même fait égalité contre les Samoans, et malheureusement ça ne nous permet pas d’être qualifiés. Donc on est beaucoup déçus, moi personnellement beaucoup déçus. Après, bon ben il faut rentrer au club et il faut switcher assez vite quand même.Et penser peut-être à la prochaine Coupe du Monde, si jamais dans 6 ans, en 2031, on pourra peut-être se qualifier. Donc voilà, très déçu de ne pas pouvoir se qualifier à cette Coupe du Monde.
Que retiens-tu de ce match face aux Samoa ?
L’égalité, je pense. C’est quand même dur de ne pas se qualifier après avoir fait égalité. Après, on le savait que si on faisait ce résultat, les Samoa se qualifieraient. Mais c’est ce que je retiens. C’est dommage.
Selon toi, qu’est-ce qui a manqué aux Belges pour l’emporter ?
Quand on arrive dans leur zone de marque, on peut marquer plusieurs fois mais on ne le fait pas. Malheureusement, contre une grosse équipe comme ça, on le paye. C’est ce qui nous a manqué. Mais bon, on n’a quand même pas été ridicules face aux Samoans. Pour la Belgique, c’est quand même costaud. On mérite ce résultat.
Physiquement, les contacts ont-ils piqué face aux rugueux Samoans ?
Oui, c’était assez costaud. Après, je ne suis pas le plus costaud… (sourire) Donc par rapport à moi, il y en a beaucoup des costauds ! On a quand même bien rivalisé. Devant, on a bien répondu. On les a bien fait douter. Ils se sont sûrement posés des questions pour savoir s’ils allaient passer ou pas.
Il y a de la déception, mais aussi de la fierté, non ?
Oui, ça c’est sûr. On est fiers de ce qu’on a fait, du tournoi qu’on a réalisé. On a gagné face à la Namibie et le Brésil, deux équipes que nous n’avions jamais gagné. On est quand même contents de notre tournoi. Après, c’est vrai qu’il ne reste que la déception de ne pas se qualifier pour un petit point…
Le plus triste, c’est qu’on avait deux anciens qui ont 35 et 36 ans et qui disputaient leur dernier match. Moi, j’ai surtout pensé à eux. Ça faisait ch*** pour eux quand même qu’on rate cette qualification qui aurait pu être historique
Siméon Soenen
Quelle était l’ambiance après l’élimination ?
On était tous tristes. On n’a pas trop discuté. On était chacun de notre côté. Le plus triste, c’est qu’on avait deux anciens qui ont 35 et 36 ans et qui disputaient leur dernier match. Moi, j’ai surtout pensé à eux. Ça faisait ch*** pour eux quand même qu’on rate cette qualification qui aurait pu être historique. On ne s’est reparlé que le lendemain du match, quand on a dû partir. Il y en a quelques-uns qui ont pris la parole. Ce n’était pas vraiment joyeux.
La jeunesse belge, que tu incarnes aussi, a-t-elle pris le pouvoir pour l’avenir ?
Oui. Nous avons beaucoup de jeunes. Il y a quelques anciens qui ne vont pas pouvoir faire les prochaines Coupes du Monde. Nous avons assez de jeunes pour construire. On a été regardé par beaucoup de monde. Je pense que cela va donner envie à des jeunes de commencer le rugby ou de continuer. Nous n’avons pas encore « pris le pouvoir » parce qu’on a quand même des anciens à nos côtés qui comptent de gros matchs dans leur carrière. On les respecte. Notre jeunesse est plutôt pas mal.
La Fédération belge travaille bien, quels sont les principaux progrès qu’a connu la sélection ?
C’est une bonne question. Je ne suis pas trop là-dedans, moi. Mais c’est vrai qu’au niveau de la Belgique, je pense qu’il faut faire quelques améliorations. Après, c’est au bureau et aux coaches de voir ça. Il va falloir récolter quelques sous en plus pour qu’on puisse espérer mieux et qu’on continue dans cette lancée.
La règle d’éligibilité de World Rugby vous permet aussi de récupérer de bons joueurs…
Oui, ça c’est sûr. On a besoin de tous les joueurs, qu’importe où ils jouent. Dans le haut niveau, les joueurs qui ont des liens belges, on en aura besoin si on veut espérer plus. La Belgique n’est pas un grand pays.
Repartir en club après un échec comme ça, pas trop dur ?
Je pense que ça va être compliqué. Mais malheureusement, c’est la vie. Il va vraiment falloir switcher, passer dans la « mentalité club ». C’est comme ça.
Quel était le discours d’avant match ? Jouer libérés et sans pression ?
C’était ça. C’était vraiment jouer comme on a toujours joué. Ça veut dire ne pas être stressé, jouer à 100%. Ça, c’étaient les mots du coach. Nos entraîneurs étaient certains qu’on allait gagner. C’était très positif avant le match.
Les Samoans étaient-ils trop sûrs d’eux ? L’as-tu senti ?
C’est sûr. Sur leur deux premiers matches, ils avaient pris le bonus. Après, je pense qu’ils devaient s’attendre à ce que l’on rivalise un peu quand même. Mais peut-être pas à ce point-là. D’être devant à la mi-temps, je pense que ça leur a vraiment fait peur. Et ça, c’est bien.
As-tu déjà repris l’entraînement avec Albi ?
Non. On a une semaine sans match. Après, on reprend sur un bloc de deux rencontres. On enchaînera ensuite avec les vacances de Noël.
C’est dommage qu’on ne se soit pas qualifié pas parce qu’on va rater la Nations Cup. On va rater quelques matchs importants qu’on aurait pu disputer et qui auraient pu nous ouvrir encore plus de portes. Les matches étaient en live à la télé belge. Je crois qu’il y a eu plus de 500 000 spectateurs sur les trois matchs. C’est quand même pas mal pour un petit pays comme la Belgique où le rugby n’est vraiment pas connu pour le coup
Siméon Soenen
Tes coéquipiers t’ont félicité ?
Oui, ils nous ont félicités (lui et Jean-Baptiste de Clercq pilier d’Albi et de la Belgique, NDLR). Après, je n’ai pas eu le temps de les croiser parce qu’ils partaient jouer à Nice. J’ai reçu quelques messages qui faisaient du bien, même si mentalement on n’y pense pas trop et on se dit qu’on a quand même raté quelque chose. Cela fait quand même du bien de voir le monde qui nous suit quand même.
La Belgique a quand même conquis pas mal de cœurs durant ces qualifications…
Oui et c’est bien. On a quand même pu se montrer auprès de tout le monde, de la Belgique, de World Rugby… C’est dommage qu’on ne se soit pas qualifié pas parce qu’on va rater la Nations Cup. On va rater quelques matchs importants qu’on aurait pu disputer et qui auraient pu nous ouvrir encore plus de portes. Les matches étaient en live à la télé belge. Je crois qu’il y a eu plus de 500 000 spectateurs sur les trois matchs. C’est quand même pas mal pour un petit pays comme la Belgique où le rugby n’est vraiment pas connu pour le coup.
Un match jour face au XV de France, y penses-tu ?
J’y ai pensé juste avant les Samoa (sourire). Je me suis dit que ce serait pas mal de les jouer car moi, je suis né en France et j’ai la double nationalité. Je me voyais bien faire un match contre les XV de France en Coupe du Monde. Mais bon, on va attendre un peu malheureusement. Même en match amical, ce serait compliqué.