Il y a quelques mois encore, il découvrait la Pro D2 sous les couleurs d’Aurillac. Aujourd’hui, Ugo Seunes s’impose au Racing 92 et fait bruisser les couloirs de Marcoussis. En quelques mois, le jeune ouvreur agenais a bouleversé la hiérarchie du poste, porté par une maturité rare et un jeu d’une précision chirurgicale.
Il y a chez Ugo Seunes une forme de discrétion tranquille, celle des joueurs qui ont appris à bâtir patiemment leur destin loin des projecteurs. Né à Agen il y a vingt-quatre ans, formé au SUA, il n’a jamais connu les filières dorées de la formation fédérale. À l’adolescence, il quitte le cocon agenais pour rejoindre Blagnac, en Fédérale 1, où il découvre la rudesse du rugby de terroir. Peu de caméras, beaucoup d’efforts. Là, au milieu des avants cabossés et des terrains humides, il forge une rigueur, un regard, une envie de comprendre le jeu plutôt que de simplement le subir.
En 2023, Aurillac lui offre sa chance en Pro D2. Seunes s’y révèle. Main ferme, tête haute, il y signe une saison pleine, inscrivant près de 190 points et menant le jeu cantalien avec une assurance déconcertante. Sa lecture, sa justesse technique et sa qualité de passe séduisent les observateurs. Le Racing 92, en quête d’un ouvreur d’avenir, n’hésite pas : l’été 2025, Ugo Seunes débarque à Nanterre, direction la Paris La Défense Arena et ses 30.000 sièges.
Pour la prochaine tournée, Fabien Galthié a cité 6 joueurs observés de près par le staff : Dréan, Setiano, Gourgues, Capilla, Seunes et Brau-Boirie. Ces hommes réalisent un excellent début de saison, la preuve en stats.
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Un ouvreur à l’ancienne dans un rugby moderne
Dans une époque obsédée par le physique et la puissance, Seunes intrigue. 1,82 m pour 75 kg, silhouette longiligne, allure d’étudiant plus que d’athlète surdimensionné. Et pourtant, le garçon s’impose. Son secret ? L’intelligence. Là où d’autres forcent, lui pense. Là où certains percutent, lui anticipe.
Son jeu au pied, arme maîtresse, fascine déjà les techniciens : 17 réussites sur 21 face aux perches (81 %) et des coups de botte précis, parfois inspirés, qui rappellent un certain Lionel Beauxis dans ses plus beaux jours. Dans le jeu courant, il sait alterner – une diagonale tendue pour relancer, un petit coup rasant pour casser le rideau, une chandelle de gestion parfaitement calibrée.
Mais réduire Seunes à un simple artificier serait injuste. En défense, il affiche une rigueur exemplaire : 32 plaquages réussis sur 39, dont cinq offensifs, preuve d’un engagement sans calcul. « Il ne triche jamais« , n’a cessé de répéter son manager Roméo Gontinéac à Aurillac. Même son de cloche cette année du côté du Racing : « Il a cette ténacité qui rassure ses partenaires.«
50-22 by Ugo Seunes, la nouvelle coqueluche du Racing 92 ✨
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La dégaine d’un joueur de padel, capable de parler au bec de mecs qui font 2x son poids et un côté artiste digne des Grandisses.
Dans le train SeuNCF pour un long moment 🚞 pic.twitter.com/QcRwRoYy8S
Un futur en bleu
En quelques semaines, Seunes a dynamisé le jeu du Racing. Après le départ de Farell à l’intersaison, il s’impose comme une alternative crédible, un ouvreur à la française, précis, méthodique, un brin romantique. Et son nom commence à circuler au-delà des Hauts-de-Seine : Fabien Galthié et son staff ont coché son profil dans leurs suivis hebdomadaires. Rien d’officiel, rien de promis, mais une curiosité manifeste pour ce joueur qui, sans bruit, coche toutes les cases : régularité, sang-froid, intelligence situationnelle.
Pour le jeune homme, le rêve n’est pas une obsession. Il avance à pas mesurés, conscient que le haut niveau ne pardonne rien. « Je sais d’où je viens, confiait-il récemment à la presse. Je ne veux pas brûler les étapes. » Pourtant, les étapes, il les dévore : Fédérale 1, Nationale, Pro D2, Top 14. Une courbe ascendante d’une cohérence presque mathématique. L’équation va-t-elle le mener vers les plus hauts sommets et le XV de France ?
